PratiqueRécent

Burn-out : comment réagir (et prévenir) en tant que responsable

Temps de lecture : 5 minutes

(Ou mieux encore : comment éviter qu’il ne survienne)

Le burn-out n’est pas une exception. Il touche toutes les organisations et tous les niveaux hiérarchiques. Pourtant, il existe peu de prise en compte véritablement organisée et efficace de ce type de problème. ll se traite généralement de façon séparée entre le médecin traitant qui place l’individu en arrêt de travail et l’employeur qui constate l’absence de son employé. Il existe assez peu d’échanges entre les deux parties, dont les rôles et avis sont pourtant fondamentaux dans le retour de l’intéressé de façon satisfaisante. A défaut d’autre soutien, c’est donc à l’employeur, et en particulier au manager de traiter les conséquences de cette situation.

Le burn-out est souvent traité comme un accident, comme si la rupture psychologique et physique d’un collaborateur était un imprévisible coup du sort. Or, une telle situation est le signe d’un environnement difficile à vivre, structurel et non pas ponctuel, qui ne convient pas à tous et qu’il faut faire évoluer. De plus, le retour de la personne touchée est assez rarement préparé et anticipé, ce qui conditionne pourtant son succès et la normalisation de la situation.

Aborder le sujet du burn-out, c’est avant tout éviter qu’il ne se produise. C’est aussi savoir prendre soin de l’humain et traiter les causes avant de soigner les symptômes.

Voyons comment, pas à pas.


1. Résoudre les problèmes avant qu’ils n’apparaissent

Le burn-out ne naît jamais du hasard. C’est toujours le résultat d’un déséquilibre prolongé entre les exigences du travail et les ressources dont dispose le collaborateur pour y faire face, dont les ressources émotionnelles et la maturité.

Selon l’INRS (voir article ici), les causes de risques psychosociaux (RPS) sont multiples : surcharge de travail, perte de sens, manque d’autonomie, conflits de valeurs, relations dégradées, absence de reconnaissance…

Mais pour l’avoir vécu et subi personnellement plusieurs fois, le déclencheur le plus fréquent, c’est le manque de soutien de la hiérarchie.
Autrement dit, le collaborateur doute du sens de son travail et de sa situation professionnelle lorsqu’il se sent seul face aux difficultés. Il se demande ce qu’il fait là et remet en cause son équilibre de vie, notamment sur le plan professionnel, auquel parfois s’ajoutent des difficultés personnelles.
Et c’est précisément à vous que revient le rôle de voir et d’anticiper ces problèmes en soutenant vos collaborateurs quand le besoin s’en fait sentir.

Connaître ses collaborateurs : la base de la prévention

Un chef doit tout d’abord connaître vraiment ses collaborateurs :

  • Leurs aspirations : qu’est-ce qui les motive ou les affecte ?
  • Leur état d’esprit : est-ce une personne qui va jusqu’au bout des choses et de ses réalisations, capables de passer une soirée à penser à un problème jusqu’à ce qu’il soit résolu ? Ou dort-elle toujours sur ses deux oreilles en se reposant sur une confiance indéfectible dans l’avenir ?
  • Leur situation personnelle : un contexte privé difficile peut fragiliser la résistance.
  • Leurs limites : tout le monde n’a pas la même maturité face aux problèmes et à leur résolution.

La connaissance réciproque est la base de la relation de confiance et de la bonne direction du personnel. Elle vous permettra de « sentir » les difficultés et la tension dans le groupe et chez chacun de vos subordonnés, pour agir avant la rupture.

👉 À lire aussi :
➡️ 9 conseils pour devenir un manager responsable

Qui veut aller loin ménage sa monture.

Prendre soin des ses équipes ne veut pas dire ménager ou infantiliser. Cela veut dire protéger et soutenir.
Il s’agit de :

  • Filtrer les sollicitations extérieures pour préserver certaines personnes ou équipes qui pourraient crouler sous la charge par manque de priorisation ou par volonté de vouloir trop bien faire ;
  • Répartir la charge de travail suivant les capacités et la maturité de chacun ;
  • Former ou aider si nécessaire les personnes qui pourraient se sentir incompétentes ou dépassées, et qui ne voudraient pas le montrer (voir cet article pour la gestion du stress).

Vos collaborateurs et vos équipes sont votre outil de travail, prenez-en soin et améliorez-les. Dans le cas contraire, vous serez le(la) premier(e) pénalisé(e).


2. Laisser le temps : la pause n’est pas un échec

Lorsqu’un collaborateur tombe en burn-out, la première réaction du manager est souvent le reproche voire le sentiment de trahison. Néanmoins, une personne qui se coupe aussi brutalement du groupe vit un mal-être extrême qu’il est difficile de lui reprocher. Dans son cas, la pause est une étape nécessaire. Elle n’est ni un échec, ni une fuite : c’est un temps de reconstruction.

Laisser le temps à la personne

Le collaborateur a besoin de repos et de distance pour se reconstruire. C’est aussi un moment où il peut réfléchir à son rapport au travail, à sa vie, et à ce qu’il souhaite vraiment.

Il ne faut pas chercher pas à aller trop vite. Le temps de la guérison est aussi celui de la compréhension.

Faire le point sur l’environnement professionnel

Pendant cette pause, le rôle du chef est d’analyser l’environnement de travail incriminé :

  • Les causes profondes de la surcharge ;
  • Les processus défaillants ;
  • Les zones de tension dans les équipes.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Si rien ne change, le burn-out se reproduira, chez la même personne ou chez quelqu’un d’autre.

Quelques leviers concrets

  • Mettre en place des indicateurs de charge pour visualiser la répartition du travail ;
  • Filtrer les sollicitations externes (clients, autres services, direction) ;
  • Clarifier les priorités et former au suivi des activités par Kanban ou à la standardisation des processus (voir ici pour des outils concrets) ;
  • Implémenter un suivi d’activités pour anticiper les surcharges.

Le rôle de la hiérarchie est ici essentiel dans l’absorption de la pression et la préservation des équipes : filtrer, prioriser et arbitrer.

Communiquer et impliquer les équipes

L’idéal est d’impliquer les équipes dans l’amélioration de l’environnement de travail. Vous créerez une dynamique plus prononcée et durable. Une fois les changements décidés, communiquez dessus, évidemment sans mettre en cause ou évoquer les personnes touchées par les problèmes initiaux. Cela redonne confiance, crée un sentiment de sécurité, et montre que le management prend la situation au sérieux.



3. Accompagner le retour du collaborateur

Le retour après un burn-out est une étape fragile. Trop souvent, il n’est pas vraiment préparé : “Content de te revoir, tes dossiers se sont empilés sur ton bureau”. Ne pas accompagner une personne qui s’est soustraite à un contexte difficile, c’est se condamner à la voir repartir.

Communiquer et préparer le retour dès que possible

Reprenez contact avant le retour — avec l’accord de la personne — sans pression.
Le but : maintenir un lien humain, comprendre les causes du départ et se projeter collectivement dans le retour.

Il s’agit également de lui montrer du soutien et de la sollicitude, de façon authentique, pour rattraper le manque d’anticipation et de prise en charge qui a pu pousser au sentiment d’abandon et à la rupture.

Ne cherchez pas à jouer au psychologue ou à “rebooster” la personne. Elle l’était déjà, trop sans doute. Cherchez à rétablir la confiance et la communication.

Adapter les conditions de reprise avec toute l’équipe

Organisez un retour progressif avec les membres de l’équipe et impliquez-les dans la prévention, tout le monde peut être attentif à la charge des autres :

  • Objectifs clairs et si besoin plus légers au départ ;
  • Réunions de suivi régulières ;
  • Clarification sur ce qui a changé pendant son absence (répartition, priorisation, protection).

Ce cadre rassurant permet à la personne de reprendre confiance sans culpabilité.

Quand les causes sont identifiées et traitables, travaillez collectivement à l’amélioration des pratiques. C’est ainsi qu’une crise devient une opportunité de progrès.


Au bilan : le burn-out, un signal d’alarme à ne pas ignorer

Prendre soin de son personnel

Les RPS (risques psychosociaux) ne sont pas un simple sujet RH. Ils révèlent l’état de santé global d’une organisation. Un burn-out est souvent le symptôme d’une situation insoutenable pour une personne — souvent l’une des plus investies. C’est une alerte rouge à ne pas ignorer.

Empêcher l’effet domino

Lorsqu’une personne s’effondre, les autres absorbent sa charge.
Résultat : surcharge, tensions, nouvelles ruptures… C’est l’effet domino, destructeur et rapide.

Ignorer un burn-out, c’est prendre le risque sérieux de voir un problème se propager.

Transformer la crise en levier

C’est aussi une occasion rare de remettre de l’ordre et de traiter d’autres problèmes laissés en suspens :

  • Clarifier les priorités ;
  • Réduire les gaspillages (réunions, mails, urgences fictives) ;
  • Repenser les processus et les rôles ;
  • Redonner du sens et de la reconnaissance.

Profitez-en également pour mettre en avant et diffuser vos valeurs : prendre soin des personnes en priorité, savoir être à l’écoute et s’adapter aux situations.


Un cours pour traiter tous vos problèmes de stress, de tension et de mal-être au travail

Une formation complète sur ce sujet est en cours d’élaboration. Elle sera accessible en ligne, à base de supports vidéos, textes et audios, et d’exercices pratiques et didactiques. L’objectif est de vous accompagner et vous faire acquérir une démarche pragmatique et structurée pour analyser et dominer vos difficultés personnelles et relationnelles dans votre poste de manager, et par ricochet celles de vos équipes.

Si vous êtes d’ores et déjà intéressé(e), je vous encourage à m’envoyer un mail à formations@soyezchefpasmanager.com, en expliquant vos problèmes actuels et vos objectifs.

Vous me permettrez ainsi d’adapter au mieux la formation à vos besoins, qui sont certainement ceux de beaucoup d’autres, et vous pourrez bénéficier d’une remise de 20%. Sans engagement.


De façon générale, si vous êtes intéressé(e) par mes articles, abonnez-vous en cliquant ici pour recevoir les prochaines parutions. Vous pouvez également télécharger gratuitement en cliquant ici la checklist du chef pour vérifier que vous connaissez l’ensemble des domaines de compétences d’un chef, manager ou encadrant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Pinterest